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20 mars 2010 6 20 /03 /mars /2010 12:25

Fiesta-Primavera.jpg

Quelle meilleure façon de fêter la saison du renouveau qu’en se bourrant la gueule dans les prés verdoyants ? Quel bonheur de vomir sur les premières pâquerettes de l’année ! Quelle fierté de pouvoir alcooliser tous les animaux des environs en laissant quelques (milliards de) gouttes au sol ! Et quelle joie intense procure un coma éthylique au pied d’un arbre bourgeonnant ! Et puisque c’est à la mode, n’oublions pas la petite touche écologique : tout est 100% plastique (ou verre) recyclable ! C’est pas un beau geste pour la planète, ça ? Comment ça faudrait les déposer dans les bennes prévues à cet effet ? Parce que ça disparaît pas tout seul, ce qu’on laisse traîner sur le parking de l’Hipercor ?

 

Non, plus sérieusement, l’approche du 20 mars n’annonce pas seulement le retour du printemps, des beaux jours, du soleil, de la chaleur (oui, je sais, ça revient au même), des p’tits zosiaux qui chantent, des z’abeilles qui bourdonnent et des papillons qui papillonnent. Loin de là ! Le 20 mars annonce avant tout (enfin, en Andalousie en tout cas) la Fiesta de la Primavera (la Fête du printemps) !

Dit comme ça, ça a l’air trop bien ! On s’imagine de grands spectacles, de la musique, un repas en plein air, et toutes sortes d’animations aussi diverses que variées. Eh bien en fait, des rumeurs disent que fût un temps où tout ceci existait. La Fiesta de la Primavera ressemblait à une sorte de festival en plein air avec de la musique, des hot-dogs américains accompagnés de moutarde (ou de ketchup, après c’est laissé à l’appréciation du consommateur) trop jaune (ou rouge si vous avez choisi le ketchup) pour ne pas être entièrement fabriqué avec des aliments chimiques. Bref, ça c’est la légende… Enfin pas tout à fait, puisque j’ai appris après en lisant le journal de Grenade qu’un concert était effectivement prévu cette année mais que pour d’obscures raisons, la Mairie de Grenade l’avait interdit.

 

Mais en réalité, la Fiesta de la Primavera c’est d’abord et surtout un macrobotellón !

Quand les Espagnols nous ont dit que pour fêter le printemps il y avait un méga-botellón(-de-la-mort-qui-tue-sa-race), on s’est dit qu’ils exagéraient (oui, car les Grenadins ont des origines marseillaises comme nous avons pu le vérifier à moult reprises). Ils nous ont dit que l’événement commençait vers midi (donc aux alentours de 13-14h, puisque c’est le midi espagnol) et se terminait tard dans la nuit (donc aux premières lueurs du jour le lendemain matin, très probablement). On en a déduit que c’était le sens qu’ils donnaient à macrobotellón : un botellón super long.

Pauvres naïves que nous sommes… Ca s’appelle macrobotellón parce que ça dure plus longtemps qu’un botellón normal, mais SURTOUT parce que tous les jeunes (et parfois même les moins jeunes) de Grenade et des environs y participent. Mar, ma coloc’, nous a même dit que certains venaient de l’étranger spécialement pour la Fiesta de la Primavera de Grenade ! Je vous laisse imaginer la quantité de gens que ça peut donner.

 

Vers 17h30, on sort donc de l’appart’ (on, c’est Mar, Mélanie et moi, nos deux autres coloc’ s’étant fait la malle). Et déjà, on se retrouve projetées en plein cœur d’une procession de jeunes. C’était assez hallucinant… On aurait dit le pèlerinage à La Mecque/Lourdes/Saint-Jacques-de-Compostelle (rayez les mentions inutiles). Eh bien non, c’était tout simplement le pèlerinage à l’Hipercor, lieu de culte entièrement dédié à l’alcool et très réputé chez les jeunes Grenadins.

Bref, nous avons suivi le mouvement et quand on est arrivés à l’Hipercor, on s’est posés à « l’entrée », près des flics, de l’ambulance et autres services de secours-sécurité pour pouvoir quitter rapidement les lieux en cas de pépin (ben oui, plusieurs milliers de jeunes qui boivent pendant des heures, ça peut dégénérer…). A peine installés, on a assisté à une évacuation. A quelques mètres de nous, un jeune homme était allongé par terre, les yeux vitreux (voire révulsés), la tête sur les genoux de son pote qui attendait désespérément que les secours arrivent. Enfin, un type en gilet orange fluo est venu voir ce qui se passait, a vaguement jeté un coup d’œil à la bave qui s’échappait des lèvres du comateux et est retourné chercher ses collègues. Deux autres sont alors arrivé, ont confirmé que le jeune homme bavait bien et sont enfin allés chercher un brancard pour l’évacuer. Entre temps, le type avait repris connaissance et essayait de se lever sans grand succès. Le brancard est arrivé et un gilet orange a essayé d’aider notre ami vacillant à se mettre debout. Après de longs efforts, l’alcoolisé est sur ses pieds ! Il lève ses deux bras en signe de victoire, marmonnant aussi probablement qu’il va bien, qu’il gère la situation et qu’il n’a pas besoin de l’aide des gilets orange. Puis il se tourne vers son pote et tente de l’embrasser et de lui montrer sa reconnaissance. Mais il finit par retomber dans les vapes et les gilets orange en profitent pour l’allonger sur le brancard, l’attacher solidement et l’emmener en ambulance. Le ton est donné ! (Pour la petite anecdote, on aperçoit ce brave jeune homme à la fin du reportage d'Antena 3, juste avant de voir la reporter en direct de l'Hipercor.)

 

Après cette joyeuse petite animation, on appelle les Espagnols qui sont censés nous rejoindre pour leur dire où on se trouve (vu le monde, ils auraient jamais pu nous trouver tous seuls) et quelques minutes après, ils débarquent avec le ravitaillement : du coca, des glaçons, du sirop de mûre et du vin rouge dans une énoooorme bouteille en plastique. Avec tout ça, on fait ce qu’on appelle un calimocho : ¾ de vin, ¼ de coca et un peu de sirop de mûre (j’espère que mon oncle ne va jamais lire ça, sinon, entre la bouteille en plastique et le coca dans le vin, il va nous faire une syncope).

Bref, une heure et demie et un demi-calimocho plus tard je suis entraînée par Mélanie et deux copines espagnoles dans la foule… *prend une grande inspiration* AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA*respire*AAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

AAAAHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!  Si tu lâches la main de celui ou celle qui est devant toi, t’es mort(e) ! Y en a qu’on n’a jamais retrouvé ! Ils se sont volatilisés dans la foule !

Hum… Pourquoi cette soudaine pulsion suicidaire ? (vous demandez-vous très certainement… Et sinon, faites comme si.) Eh bien parce que deux autres copains espagnols nous ont appelés pour nous dire que comme ils ne nous avaient pas trouvés, ils s’étaient installés ailleurs…à l’autre bout du botellodrome… Donc ni une ni deux, on a décidé de partir à leur recherche/rencontre/poursuite. Après avoir failli mourir piétinées, étouffées, noyées et écrabouillées, on arrive enfin de l’autre côté. Et là…personne ! On essaye de téléphoner : pas de réponse. La traversée de la foule additionnée à ma claustrophobie congénitale m’ayant considérablement épuisée/affaiblie/asphyxiée/affamée/traumatisée-à-vie, je décide qu’il vaut mieux que je rentre. Je dis donc au revoir à tout le monde et rentre à contre-sens : les groupes de jeunes affluent encore en direction de l’Hipercor…

 

Une bonne fiesta de la primavera se termine soit affalé contre un mur ou assis sur le bord d’un trottoir, soit la tête dans les toilettes. Le tout avec le regard vitreux, le teint pâle, l’air hagard et complètement amorphe. Et si vous êtes vraiment bon, vous pouvez même tenter un petit coma éthylique !

 

http://www.ideal.es/granada/prensa/noticias/201003/21/fotos/2671386.jpg



Bilan de cet événement :

 

20 000 jeunes rassemblés au botellodrome

40 000 kg de déchets

7 000 euros de facture pour la ville

 

 

 

Quelques articles (en V.O. et traduits) et vidéos.

 

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commentaires

V
<br /> <br /> Salut<br /> <br /> <br /> on ne se connait pas mais je suis tombée par hasard sur ta page en faisant des recherches sur Grenade car comme toi je vais faire ma troisième année de licence à Grenade  à la faculté de<br /> traduction et d'interprétation alors je voulais savoir s'il était possible que tu me donnes quelques informations sur l'université et la ville comme par exemple comment tu as fait pour trouver un<br /> logement à Grenade? comment sont les cours? quels démarches administratives faut-il faire une fois sur place? enfin tout ce que tu pourras me dire, conseils, info pratiques,.... ca serait<br /> vraiment sympa merci d'avance<br /> <br /> <br /> je te laisse mon adresse mail ca sera peut être plus simple (vanessa.la.chtie@hotmail.fr)<br /> <br /> <br /> a bientot<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Tu es dingue!!!! :D<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Je note que tu as bien (ou pas?) orthographié "Fête du printemps": majusucule au premier mot et pas à la suite! Tu dois être super attentive en T5 toi, non? (faut croire que moi aussi...)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Hey ! Qu'est-ce que tu crois ! Le pire, c'est qu'avant son cours sur les majuscules, j'en avais mis une à printemps ^^<br /> <br /> <br /> J'ai changé après. <br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Bah dis donc ! C'est franchement inpressionant ! Perso, ça me donne pas du tout envie. Mais je suppose que ça vaut quand même le coup d'y voir...<br /> <br /> <br />
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